Si j’étais ministre de la culture. Mon plan pour le théâtre / Par Jacques Livchine

Jacques Livchine, animateur du Théâtre de l’Unité et codirecteur, avec Hervée de Lafond du Centre d’Art et de Plaisanterie, la scène nationale de Montbéliard, nous a écrit. Faites comme lui. Envoyez-nous réactions et propositions. Nous les publierons dans la mesure du possible.

On vit des moments merveilleux depuis une quinzaine d’années.
L’État et les villes mettent la culture au premier rang de leurs préoccupations.
Vu de l’étranger, la France paraît être une véritable fourmilière artistique, des troupes un peu partout sillonnent le territoire, des milliers d’œuvres sont créés chaque année. Toutes les villes veulent avoir un festival.
On peut même, ce qui est mon cas, quitter les Assedic, continuer de faire des mises en scène, faire le comédien tout en étant directeur d’une institution qui nous assure des gages permanents totalement indépendants des succès que l’on obtient
C’est le rêve, c’est l’Éden. Tous les matins, j’y pense et je n’y crois pas.
Il est de bon de ton, dans nos milieux de culture, de traiter les ministres de tous les noms, de leur faire porter tous les noms, de leur faire porter tous les maux, de critiquer, de faire la mauvaise tête, de dire qu’ils n’y connaissent rien.
Après une douzaine d’années d’un bon Ministre – jamais on ne me fera dire le moindre mal d’un Ministre qui nous a accordé sa confiance en quadruplant notre subvention dès son arrivée – celui qui lui a succédé a eu un peu de mal à inventer quelque chose de neuf, question de temps. Mais tout de même, Toubon a protégé le magot de la culture. C’est déjà bien.
Douste-Blazy tâtonne, mais on ne peut pas tout de suite avoir des idées sur tout. Après d’énormes sueurs froides et des tentatives de « vol à l’arraché » des subventions, il s’en est sorti, peut être pas indemne… (Il n’a pas été très performant sur la Sécutité Sociale. Il aurait dû clamer à la Chambre des députés que le théâtre fait considérablement diminuer la consommation de tranquillisants et que grâce à son développement on ferait des économies appréciables.)
Moi, Jacques Livchine, artiste français ayant touché sa première subvention en 1971, imaginateur en chef d’une Scène Nationale, metteur, acteur, illuminateur, rêveur, je fais quelques propositions d’urgence. Car la carte de France de la culture est inadéquate. Et le sens philosophique de la subvention d’État est perdu depuis trop longtemps.