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L’art en procès

Été 2010

  • GRAND TÉMOIN : Annie Lebrun
  • CHANTIER

L’ART EN PROCÈS

GRAND TEMOIN : Marie-José Mondzain

  • L’art du don en milieu hostile /Entretien avec Gaspard Delanoë
  • Groupe Novembre par Bernard Gerboud
  • Artisan de l’humain /Entretien avec Ernest Breleur
  • Et si on faisait confiance aux artistes ? par Valérie de Saint-Do
  • La poésie dégoupillée par Valérie de Saint-Do
  • Art tangent. Arsène, Victor et l’arrosoir par Édith Rappoport
  • À la source /Entretien avec Gérard Garouste
  • Créer pour réparer par Céline Delavaux
  • Art et ruralité, l’alliance par Barbara Petit
  • Écrire la boxe, sculpter l’écriture par Céline Delavaux
  • Un hymne à la joie par Valérie Hartwitch
  • Notre besoin d’hsitoires /Entretien avec Yves Citton
  • Brèves chantier
  • Le règne du faux-semblant par Nicolas Roméas
  • HORSCHAMP

LIBRES ÉCHANGES

  • Une résistance d’avenir/Entretien avec Gilles Perret

SI LOIN SI PROCHE

  • Du droit de rêver en Algérie par Thomas Hahn
  • Bérénice congolaise et anticoloniale par Irène Sadowska-Guillon
  • Pour en finir avec l’esprit de colonisés / Entretien avec Faustin Linyekula

L’APPEL DES APPELS

  • Un décret assassin par Catherine Pellier-Cuit

AGIT-PROP

  • Les héritiers du groupe Octobre au tribunal par Édith Rappoport

CHRONIQUE DU THÉÂTRE ORDINNAIRE

  • Vive le Syndeac ! par Bruno Boussagol

LIEUX ET THÉÂTRES

  • La trajectoire du Cygne Amy Swanson et Fabrice Dugied / paroles sur le vif

VILLES ET FESTIVALS

  • Babel/Europe (partitions) par Samuel Wahl

PAS DE CÔTÉ

  • Danse et littérature conjuguées par Myriam Blœdé
  • La danse de l’identité pas Thomas Hahn

NOTES EN MARGE

DE VISU

  • Jeu avec les frontières par Irène Sadowska-Guillon

PARTI PRIS

  • Lumineuse sorcellerie par Samuel Wahl

HÔPITAL SILENCE !

  • Madame vous êtes très fatiguée par Marie Limpatiente

ÉCRITS

  • Une communauté avouable Christanne Tricoit / paroles sur le vif
  • par Valérie de Saint-Do / par Barbara Petit
  • par Édith Rappoport et Irène Sadowska-Guillon

PETITES THÉORIES JETABLES

  • par Jacques Livchine
  • Hors-sujet
  • Points de mire

Éditorial (extrait)

Extrait de l’éditorial, par Valérie de Saint-Do

[…] Aux rengaines éculées d’un populisme (renforcé par la désastreuse loi Hadopi !) qui ne voit dans le soutien public à l’art d’aujourd’hui que gaspillage, et aux mantras des libéraux soucieux de démanteler le service public de la culture, viennent s’ajouter des voix aux arguments mieux affûtés.
Celles de militants pour lesquels, sur fond de grave crise économique, politique et sociale, le statut d’artiste […] devient trop souvent le cache-sexe des privilèges, tandis que la culture se mue en divertissement des puissants et en alibi de la gentryfication des villes.
Celles de penseurs, surtout, qui critiquent – non sans faire mouche parfois – le tout-culturel devenu un système de consommation, voire une arme de dépolitisation […].

Nous n’ignorons pas que ce sont parfois les défenseurs les plus farouches d’un art refusant d’emprunter les sentiers qu’on lui prépare qu’inquiète une culture d’État toujours suspecte de devenir officielle.
Ainsi, l’écrivain Annie Le Brun, dont la plume incisive et belle dépeint sans concession une époque obsédée par le rendement et la norme, où les abîmes et les fulgurances de l’imaginaire sont devenus suspects, dénonce une culture instrumentalisée pour la domestication des esprits. « Mais ce sont les artistes qui prennent en charge la culture : sans eux, pas d’émancipation humaine, ni même de possibilité d’existence d’une pensée politique », répond la philosophe Marie-José Mondzain.
L’imaginaire serait-il devenu hautement suspect dans une civilisation obsédée par le rationalisme, au point de refuser à l’humain sa part de rêve comme sa part d’ombre ?

Devrions-nous laisser aux marchands de temps de cerveau disponible le soin de « réenchanter le monde » avec leurs lamentables simulacres et rêves de pacotille, au nom d’un austère réalisme politique et économique devenu « tyrannie de la réalité » ? « Surtout pas ! », prévient un autre penseur engagé, Yves Citton, pour lequel un autre monde ne sera possible que si artistes et politiques consentent à le rêver et le raconter. À se réapproprier une part d’utopie, à s’emparer de la fiction, à se raconter de – belles – histoires.
À nous rappeler que, depuis Lascaux, les questions de survie cruciales n’ont jamais éloigné l’homme de la nécessité du symbolique […].

Ce sont ces voix et voies de traverses, célèbres ou discrètes, hors champ, que nous donnons à voir et à entendre dans ce numéro, d’Ernest Breleur à Gérard Garouste, de Thomas Hirschhorn et Manuel Joseph à Denis Tricot, de Gilles Perret à Faustin Linyekula, comme la meilleure réponse aux procureurs.

La parole est à la défense !