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IN/OFF [Tout est relatif] – Été 2004

  • CHANTIER

> L’institution est à n(o)u(s)/entretien avec Patrick Bouchain, (h)architecte –Les papillons de l’institution/entretien avec Jacques Cohen, directeur des arts plastique à l’université de la Sorbonne – La Maison des artistes en danger/Mélina Chenu – La musique est une et seule même voix/Stéphane Ripoche – Hors Paris, le folklore ?/Thomas Hahn – Directeur de théâtre, mission impossible/Michel Thion > Célébrons la célébration, mes frères !/M. Thion.

  • SI LOIN, SI PROCHE

>L’esprit des loa/Alexandre Wong (Théâtre en Haïti) – La magicienne, le corbeau et la baleine/Sophie Khan – Réinventer l’échange/entretien avec Antonio Augusto-Barros – Cap sur la scène lusophone/Irène Sadowska-Guillon – Triple bec/Thomas Hahn.

  • VILLES ET FESTIVALS
    > Poésie des corps et des objets/Mélina Chenu.
  • CONTRECHANT
    > L’opéra, une grosse télé ?/Christophe Deshoulières.
  • AGORA
    > Du combat et de l’abdication/Nicolas Roméas et Valérie de Saint-Do.
  • ÉCRIT
    > Cœur en friche/Laurent Grisel.
  • CD PAR C.D./Christophe Deshoulières.
  • PETITES THÉORIES JETABLES/par Jacques Livchine.

>> OFF

  • CHANTIER

> Le musée de M. Thomas/entretien avec le plasticien-activiste Thomas Hirschhorn – Aubervilliers – Dans le quartier, sur le vif/Valérie de Saint-Do et Mélina Chenu – Si le grain ne meurt : FRAP (Festival des Résistances et Alternatives à Paris)/Samuel Wahl – Troupe ou casting ?/ Entretien avec J.Bellorini, S.Rajon et A.Zloto – Envers et contre tout /paroles sur le vif de M.Fouda – Les Croisés de l’été/Thomas Hahn – Co-errances, la coopérative non alignée/ Entretien avec Christopher Yggdre – Dépendance du secteur indépendant/entretien avec Françoise Lebeau – Zone non thérapeutique/Valérie de Saint-Do – Un théâtre en réanimation/entretien avec François Chaffin (Théâtre de l’hôpital de Bligny) – HISTOIRE DU CAES DE RIS-ORANGIS : Sculpter l’histoire/entretien avec Chris Even et Jean Starck (Art cloche)

  • EFFRACTION
    > Sur les frontières/Michel Thion.
  • FIL D’ARIANE
    > La chaîne et la trame/entretien avec le philosophe Jean-Pierre Faye et le peintre Marc Lincourt.
  • VILLES ET FESTIVALS
    > C’est où, l’Auxois-Morvan ?/Valérie de Saint-Do (« L’Été des arts en Auxois-Morvan »).
  • PARTIS PRIS
    > Kafka se cache-t-il là ?/Nicolas Roméas.
  • ÉCRIT
    > Le corps de l’être/Thomas Hahn.
  • CD par Ripoche
  • PETITES THÉORIES JETABLES/par Jacques Livchine.

Co-errances : La coopérative non alignée

Entretien avec Christopher Yggdre

Co-errances, coopérative de distribution de livres, de revues – dont Cassandre -, de films, et de labels de musique indépendants existe depuis janvier 2003. Cette structure transdisciplinaire vient de diffuser Pas assez de volume du documentariste Vincent Glenn. Actuellement, Co-errances regroupe quatre éditeurs, six maisons de production, deux associations, sept revues et un label
de musique, et recherche des modes de diffusion différents, dans des librairies, des lieux associatifs, lors de projections publiques…
Entretien avec Christopher Yggdre, l’un des permanents de cette coopérative.

Cassandre : Comment fonctionne Co-errances ?

Christopher Yggdre : C’est une société coopérative d’intérêt collectif qui regroupe des revues, des éditeurs indépendants, des maisons de production de films ou des réalisateurs-producteurs, des labels de musiques, d’autres collectifs comme « Rebond pour la Commune », à la fois non alignés sur les critères du marché et les critères de l’institution. Les permanents travaillent à diffuser et distribuer les diverses productions et à créer des contextes au sens qualitatif, des cadres dans lesquels ces choses prennent sens, des matières à partir desquelles débattre. Pour la partie textes, livres et revues, nous travaillons avec un réseau de libraires indépendants qui ont un autre rapport au livre que les grandes surfaces spécialisées. La plupart des libraires ont un rapport commercial à l’objet : la rotation rapide caractérise la circulation des ouvrages. La durée de vie moyenne d’un livre en librairie est de deux semaines, voire moins. On est dans une surproduction. L’uniformisation sans précédent de l’offre masque la prolifération des livres à « rotation lente ». Ceux-là relèvent de la prise de risque éditoriale, de la découverte. Nous voulons défendre une autre manière d’éditer, réintroduire un rapport qualitatif entre le lecteur potentiel et le livre, qui ne peut a priori trouver un écho que dans les librairies indépendantes.

Cassandre : Pourquoi une coopérative ?

C.Y. :C’est un outil juridique qui a une vertu politique. Se constituer en coopérative, c’est une façon d’affirmer que ceux qui produisent doivent avoir un contrôle sur les conditions de diffusion. Jusqu’alors, on les déléguait à des structures qui ont de plus en plus pris le pouvoir : la diffusion, au sens commercial, domine la production. La coopérative associe à la prise de décision ceux qui sont diffusés : c’est une façon d’affirmer qu’il faut remettre le pouvoir là
où il aurait dû rester, aux créateurs.

Propos recueillis par Anne Monfort

SCULPTER L’HISTOIRE (DANS LES SOUTERRAINS)

Paroles croisées entre Jean Starck fondateur du mouvement Art cloche, ancien résident du CAES et du couvent des Récollets, et Chris Even l’un des pionniers de l’aventure

Propos recueillis par Nicolas Roméas

L’histoire du Caes (Centre autonome d’expérimentation sociale) de Ris-Orangis est directement issue des utopies politiques et sociales qui furent réactivées à partir de l’explosion de mai 1968. Une tentative presque fouriériste de créer un espace où différents types d’activités habituellement séparées (sociales, techniques, culturelles, artistiques, festives, artisanales) et, par conséquent différentes composantes de la société, puissent coexister, se rencontrer, s’enrichir et trouver ainsi l’occasion de se fertiliser mutuellement. Cette histoire, peu connue, est très significative de celle de ces lieux de toutes natures qui furent réhabilités sur le modèle de ce qui s’était déjà développé dans plusieurs pays de l’Europe reconstruite, pour y expérimenter un rapport « nouveau », ouvert et démocratique, au social, à la culture et à l’art. Parsemée de réussites et de crises, cette histoire est particulièrement emblématique de ce qu’il est possible d’inventer en ce domaine dans un pays comme la France, et des innombrables obstacles inévitablement rencontrés lorsqu’on s’engage sur un chemin aussi utopique. Nous n’avons pas ici la prétention d’épuiser ce sujet extrêmement riche, nous l’ouvrons simplement sur la base d’une conversation à bâtons rompus avec deux pionniers de la première heure et nous continuerons dans de prochains numéros à explorer avec d’autres acteurs une aventure qui court sur plus de vingt ans et n’est pas achevée.

Ce texte, écrit dans les années quatre-vingt par le collectif fondateur alors que le CAES fonctionnait depuis plusieurs années, présentait la démarche et les activités initiales du Centre autonome d’expérimentation sociale : « En 1981, quinze jeunes banlieusards prennent l’initiative d’ouvrir ce lieu laissé à l’abandon et de lui redonner vie. À la même époque, le rapport Schwartz incite les jeunes à s’approprier les lieux vacants pour y mettre en œuvre leurs projets. Ils se mettent à la tâche et créent un lieu de vie et de travail, développent des activités qui constituent très vite une richesse humaine, culturelle, artistique, technique, ludique et sociale. « Au fil des ans, ils ont construit, modifié, recréé encore […] Individus, groupes, associations, artisans, sociétés se côtoient et agissent ensemble : musique, danse, escalade, danse-escalade, théâtre, cirque, peinture, sculpture, décoration, photo, cinéma, sérigraphie, architecture, brocante, stages, mais aussi mécanique, menuiserie, tapisserie, accueil de personnes en difficulté et handicapées – et également création de spectacles, expos, événements, concerts… « Nous donnons réalité à cette hypothèse : il peut exister dans un milieu urbain un espace d’expérimentation culturelle et sociale, un lieu pour se faire et inventer son chemin avec l’aléatoire, la friche urbaine, en l’occurrence cette caserne désaffectée. De quinze, nous sommes passés à plus de quatre-vingt. L’intérêt de chacun assure la pérennité de ce lieu d’échange et de création. Ce métissage d’individus et d’expériences en fait un lieu où chacun, au moyen des structures créées peut trouver le fil de ce qu’il a à faire, y réaliser ses projets dans une perspective inédite. »

Cassandre/Horschamp : Jean Starck, comment avez- vous découvert le CAES ?

Jean Starck : En 1984, avec un ami allemand qui m’a emmené visiter le lieu sur sa moto. À ce moment, c’était encore assez désertique. Les bâtiments occupés ensuite par Art cloche, par Henri Shurder en 1985, et nous en 1989, étaient à l’abandon. Mais le CAES était déjà un lieu de référence, un centre autonome d’expérimentation sociale, et ça m’intéressait. L’histoire d’Art cloche s’est déroulée de 1981 à 1989 sur Paris, et nous avons cherché à pérenniser nos acquis. Nous étions fatigués d’errer de squat en squat. On a fait une demande en 1985 de cooptation vis-à-vis du conseil d’administration du CAES. Cette demande a été refusée, je crois qu’il y avait une crise. Puis c’est par le biais d’Henri Shurder et de Chris Even qu’on a pu mettre un pied puis deux, puis quatre et que les fondateurs d’Art cloche sont venus s’installer : Shurder vers 1987, moi en 1989 et Nicolas Pawlovski en 1991.

Cassandre/Horschamp : Cette implantation dans un lieu un peu moins éphémère que d’autres, vous a permis de vous poser, de structurer un peu votre mouvement…

J. S. : J’ai pu créer des choses que je n’avais pas pu faire à Paris : mon musée de poche Art cloche et, en 1992, une fabrique alternative qui a duré deux ans. Mais nous avons fait faillite. Le principe était de vendre de l’art contemporain à bas prix en banlieue, mais il n’y avait pas assez de banlieusards pour acheter. Nous avons alors créé ce que nous avons appelé la « Ruche de Ris » : une autre étape, par rapport à Art cloche, dans la continuité, mais d’une façon différente. Nous avons réussi à mettre en place des projets impossibles à réaliser à Paris parce que nous y étions trop aux abois. Ces actions s’inscrivaient dans le mouvement des arts alternatifs. Au départ, Art cloche était un groupe, puis c’est devenu un mouvement. À partir de notre deuxième base, il y a eu cinquante artistes dans Paris, et ils ont commencé à ouvrir d’autres espaces : les dénominations des lieux étaient souvent ceux des rues. Boinot, Potin, Résonance… Les gens du couvent des Récollets sont venus plus tard. Après la « base » Art cloche, trois ou quatre autres bases de 2-3 000 m2 se sont constituées avec des artistes. Certains étaient issus du « faux musée » Art cloche créé entre 1986 et 1987 dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Cassandre/Horschamp : Chris, à cette période, vous étiez depuis longtemps au CAES… Recevoir ce mouvement artistique a été une valeur ajoutée ?

Chris Even : Nous avions des artistes importants. Il y avait Paul Sevehon, André Cazenave… Mon idée, c’était de marcher sur deux jambes : le social et le côté artistique, et en plus il y avait aussi l’habitat. C’était très différent d’une MJC.

Cassandre/Horschamp : Dans CAES, il n’y a pas « art ».

C. E. : Le social, compris au sens large, fait partie du champ de la culture. Pour nous c’était un village. L’idée, c’était : habiter, faire du culturel et du social dans le même espace. Il y avait d’autres artistes, mais j’ai eu tout de suite des contacts avec Jean Starck, parce que j’aimais le côté art brut, récup, et puis le personnage me plaisait. Au départ, j’étais le comédien de la bande, il y avait beaucoup de musiciens et une grande quantité de bricoleurs-artisans. Même si j’étais comédien, j’ai cherché à faire venir des peintres, des sculpteurs, des danseurs, des gens de cirque. J’avais navigué dans les squats, je savais qu’on y trouvait parfois des choses un peu trop bordéliques. Il y avait des troupes de théâtre qui voulaient récupérer une grande partie des bâtiments. On ne pouvait pas laisser le CAES être phagocyté par un groupe. Il fallait la cohabitation de plusieurs composantes, et ceux qui sont restés en étaient d’accord.

L’institution est à n(o)u(s) : Entretien avec Patrick Bouchain

Propos recueillis par Valérie de Saint-Do et Samuel Wahl

(H)architecte par refus d’une institution – l’ordre des architectes – Patrick Bouchain fait sans cesse le grand écart entre des projets
à l’intérieur de lieux institutionnels tels le Centre Pompidou ou les
Écuries de Versailles, et des chantiers plutôt « off » tels que la Ferme du bonheur ou la Baraque d’Igor, ex-Volière Dromesko. Il vient de terminer le chantier de
la Condition publique à Roubaix, chantier atypique par la dimension culturelle qu’il a souhaité lui donner – conférences, débat, cours d’architecture… Dompteur d’institutions pour réaliser des projets hors-normes, il en livre un mode d’emploi.

Cassandre : Vous parvenez régulièrement à monter des
projets qui n’entrent dans aucune case ni ligne budgétaire,
à modifier les normes de construction… Comment peut
s’opérer ce détournement des standards ?

Patrick Bouchain : L’institution a besoin de gens actifs pour justifier sa fonction. Sa lourdeur l’oblige à mettre en place des standards. Et lorsqu’elle donne de l’argent, elle exige que la réponse fournie corresponde à son standard.
Il se peut que le standard ne corresponde pas au projet développé :
on peut alors perdre son âme, l’objet même de son travail. Et peut-être vaut-il mieux ne pas prendre l’argent.
Avec Jack Lang à Blois, je voulais travailler sur l’ensemble des espaces publics au pied des immeubles de logement social. Il existait des subventions entrant dans les grandes opérations de développements sociaux des « quartiers », leur octroi était conditionné par un standard appelé : « mieux vivre et circuler en ville », imposant un ensemble de critères qu’il fallait tous remplir. Il s’agissait de mieux intégrer l’automobile dans la ville et, de fait, de mieux respecter le piéton. La question était mal posée et m’obligeait à travailler avec le critère « automobile »
que je refusais.
Quand une institution décide de soutenir une petite structure, des citoyens portés par l’envie de faire, elle à tendance à détourner leur désir et leur intuition pour répondre à sa demande. Il vaut mieux aller chercher son soutien lorsque le projet – le nôtre et non le leur – est très avancé ; ce sont eux qui y viennent, plutôt que nous qui nous calquons sur leur ligne de financement ou leur modèle. C’est la règle.
Prenons l’exemple de la Ferme du bonheur : un cirque peut recevoir une subvention de l’institution, dans le cadre politique de l’année du cirque ou de la défense des nouveaux cirques. Quand Roger des Prés, dans un environnement équivalent au cirque, propose une mise en scène de Jean Genet ou de Walt Whitman, il ne reçoit pas d’argent parce qu’il n’est pas « cirque ». S’il était « cirque », on accepterait qu’il n’ait pas de titre de propriété et donc qu’il soit ambulant. Mais, une fois assimilé à un théâtre, il ne peut recevoir de subvention faute de titre de propriété.
Il y a toujours dysfonctionnement entre l’institution et l’idée qu’elle se fait des structures culturelles à la marge. Elle souhaiterait les récupérer ; cela la justifierait en montrant qu’elle est capable de soutenir une politique culturelle très diverse. Si on applique à la lettre les règles avec lesquelles travaillent le ministère de
la Culture ou les collectivités locales, une multitude de choses deviennent impossibles. J’aurais tendance à dire : je m’en fous ! Il vaut mieux donner son temps à titre militant, rester un être indépendant, heureux de faire, et éventuellement un attaquant, interroger l’institution avec son projet, pour qu’elle vienne à soi, et ne jamais se mettre dans ses rails pour obtenir un soutien
standard. Mais cela oblige à ne faire que de petites choses.

Introduction

Par Nicolas Roméas et Valérie de Saint-Do

Pour son numéro de l’été 2004, le 58e, Cassandre inaugure une formule double : Cassandre dans un sens, Horschamp dans l’autre, permettant d’un côté d’appréhender la réalité de la vie artistique sur le plan de la réflexion et de l’autre sur celui de l’action. Cette double entrée permet d’interroger l’évolution des institutions tout en étant plus que jamais attentif aux pratiques « marginales ».

IN/OFF [Tout est relatif]

Édito In

Les démarches utiles et fortes ne se trouvent pas toujours toutes du côté des petits. Il serait idiot de rejeter, parmi les équipes artistiques, celles qui commencent à disposer de quelques moyens. Après tout, nos institutions culturelles ne sont-elles pas là pour être nos gardiennes du sens, héritières des combats pour un art non soumis à la rentabilité et à l’audimat ? Plutôt que les attaquer au risque de nous retrouver seuls face à un marché glouton et stupide, il faut les défendre dans ce qu’elle portent encore de leur mission publique. Et rappeler cette mission. La distinction choisie pour diviser ce numéro entre ceux qui œuvrent dans la pénombre et ceux qui sont déjà dans une certaine reconnaissance est évidemment subjective et quelque peu aléatoire. L’intérêt est de montrer ce qui, dans les deux cas, est porteur d’avenir et de sens. De montrer, aussi, que ces frontières entre l’institué et la « marge » sont souvent circonstancielles et pas toujours solidement fondées. Encourageons donc l’« institution » (ce qu’ici nous appelons le IN) à faire son travail jusqu’au bout : à valider et soutenir des initiatives profondes, dans la durée, qui ne se contentent pas de répondre à une prétendue « demande » en cédant à la facilité d’une séduction immédiate, mais nous tirent vers le haut. Là où, tous, nous méritons d’aller.
N.R.

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Édito Off

Faire, avec et contre tout. Le service public de la Culture vacille sur ses bases idéologiques et les baronnies les mieux protégées ne sont pas à l’abri des turbulences économiques et politiques. Et pourtant, cent fleurs s’épanouissent dans les interstices, les mauvaises graines résistent aux pesticides de l’uniformisation marchande. Jusqu’à quand, à quel prix ? Leurs inventeurs sont-ils condamnés au choix entre précarité et récupération ? Défendre le « off », c’est interroger le « in ». Interpeller ceux qui, « de l’intérieur », du ministère, des collectivités territoriales, des établissements culturels prestigieux, n’ont pas renoncé. En appeler aux quelques humains férus de leur mission de service public et du public, qui s’obstinent à préférer l’originalité balbutiante et hors-cadre aux dossiers impeccablement ficelés. Et oser espérer que la loi d’airain du tout gestionnaire ne réussira pas à asphyxier les marges, sans lesquelles, comme le disait Godard, il n’y a plus de cahiers…
V.S.