Présentation de la table ronde par Nicolas Roméas.
Nicolas Roméas : Le premier des quatre ateliers qui vont suivre portera sur la nécessité pour les acteurs sociaux de faire entrer à l’intérieur de leur pratique l’art, ou la culture suivant les cas, en tout cas une pratique qui offre une vision différente, un autre angle d’entrée à une pratique professionnelle. Nous souhaitons que cela soit pensé de façon à la fois totalement utilitaire – l’efficacité de la chose – et à la fois totalement artistique. En voyageant, on constate que, dans certaines régions du monde, l’application de l’art à des problèmes particuliers peut produire à la fois un art de très grande qualité et quelque chose qui est à la fois de l’ordre du social, du politique, du thérapeutique, etc., Quelque chose se produit dans la communauté qui catalyse un certain nombre d’énergies avec des symboles, des mythes, des valeurs communes. C’est cette idée-là, qui n’est pas celle d’un simple instrument menant à un art « pompier qui se débarrasserait du problème en envoyant les équipes « calmer le jeu » dans les lieus de la difficulté. Au contraire il faut dire qu’il y a une mission d’une très grande noblesse de l’art qui est en train d’être oubliée, et cette mission concerne l’ensemble de notre communauté.
Si le théâtre – je dis le théâtre parce que c’est l’art sociétal par excellence et ce n’est pas par hasard que nous ayions commencé par parler de théâtre – est l’endroit où la communauté peut se retrouver pour s’adresser à elle-même des messages ou des interrogations, on peut se questionner sur le fait que des formes artistiques correspondent à des publics différents comme si elles appartenaient à des communautés différentes. La fonction qui consiste à réunir l’ensemble de la communauté ne fonctionne plus.
C’est une question importante : sommes-nous en mesure, avec les formes artistiques contemporaines, de construire une autre communauté, à même d’englober un certain nombre de micro-communautés ? Voilà les questions que nous allons aborder. Nous aurons peu de temps pour entendre toutes les narrations des grandes épopées individuelles ou collectives. Nous souhaitons être dans le positif, amener des éléments précis qui permettent de savoir à quoi réellement ces travaux peuvent s’appliquer, quelles sont les lacunes et les outils nouveaux de l’application de cette fonction sociétale de l’art, quelles sont les choses que nous pouvons tenter ensemble d’améliorer. Sylvie Rouxel, sociologue, va animer ce débat.
Sylvie Rouxel : Je propose que chacun expose en quoi l’art a été un principe actif dans chacune de ses actions ou réflexions, donc en quoi l’art interroge le social,et de faire interagir le public.
Interventions :
Guillaume Houzel, responsable d’Anima’fac ; Kamel Basli, comédien, metteur en scène ; Jean-Michel Bourumeau, directeur de la maison de quartier Jacques-Audiberti de Palaiseau ; Dominique Lacotte, professeur relais au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis ; Madeleine Abassade, responsable des actions culturelles de l’Institut Marcel-Rivière ; Koman Sinayoko, chef de projet, Tribunal de Grande Instance de Bobigny, Comité de probation et d’assistance aux libérés ; Frédéric Signoret, éducateur spécialisé dans les problématiques sociales, les Compagnons de la nuit ; Zouina Meddour, directrice de quartier, service municipal de la jeunesse du Blanc-Mesnil.