Archives de catégorie : extrait 18

WAITING FOR LEFTY

Septembre/octobre 1997

  • FENÊTRE SUR COUR
    > Norbert Engel : « Une société théâtrale à deux vitesses ».
  • LIBRES ÉCHANGES
    > Le théâtre espace de la mémoire au présent/ Entretien avec Hervé Lelardoux (Théâtre de l’Arpenteur).
  • LE FIL INVISIBLE
    Refaire pour comprendreTradition et transmission, dont actesLa douce chaleur du foyerVisite d’un chantier en LorraineRacinesGrouillementsVille tentatrice – (conclusion) Au bord de la vérité.
  • PAROLES CROISÉES
    > A.Olivier/M.Aouar.
  • PARTIS PRIS
    > Cassandre salue ÉlectreUn crâne dans la TempêteSangs multiples
    Vêtue de nuCorps membranesFlammes et femmes.
  • UNE VILLE, UN FESTIVAL
    > A double Edinburger with cheeseLa forêt de BussangMime au fémininUzèsPierre et les oiseauxSète parie sur un festival.
  • SI LOIN, SI PROCHE
    > Insulaires insurgésScène(s) de BelgradeVivace Croatie.
  • ÉCRIT
    > L’espace d’un hommePromouvoir les auteurs à l’étrangerLe jeu de l’auteur.
  • AGORA
    > « Le ménage, le ménage, vous dis-je, très respectueusement… »/par André Gintzburger.
  • ÉDITORIALES
    > Théâtre(s) en manuelsThéâtre d’art, théâtre d’actionParoles et marionnettesAuteurs du plat paysUne femme à découvrir.
  • POINTS DE MIRE

Le théâtre, espace de la mémoire au présent : Entretien avec Hervé Lelardoux

Propos recueillis par Olivier Claude

Hervé Lelardoux a une tête de poète, une grande simplicité d’approche. Il a fondé avec Chantal Gresset à Rennes, voilà plus de quinze ans, le Théâtre de l’Arpenteur. Cette compagnie place le public au cœur de sa démarche en inventant d’autres rapports à l’espace, en travaillant sur la mémoire de la disparition, sur l’absence, sur la rumeur dans la ville. Sans la nommer, il est peut-être l’un des artistes qui a l’approche la plus sensible de la mort, peut-être à cause de la grande pudeur et du raffinement de son travail. Son dernier spectacle, Brundibar de Hans Krasa, un opéra d’enfants représenté pour la première fois pendant la seconde guerre mondiale, dans le camp de concentration de Teresin, près de Prague, évoque ces enfants disparus. Les vingt-quatre enfants du conservatoire d’Aubervilliers apportent les effigies des enfants de Teresin, enveloppées dans de grandes chemises de nuit, s’effacent derrière elles, avant de chanter, de raconter cet hymne à la vie. Ce Brundibar dégage une très grande force poétique qui relève de l’ordre du sacré.

 

Vous parcourez depuis une quinzaine d’années des chemins singuliers avec votre Arpenteur. Vous avez emmené des spectateurs en péniche dans le souterrain de la Villaine à la recherche de personnages disparus de tableaux célèbres dans Expédition Lockman, convié votre public dans une maison abandonnée pour l’anniversaire d’un enfant disparu dansTempérature extérieure zéro degré … Vous avez une prédilection pour les variations de paramètres ?

Hervé Lelardoux : Je suis scénographe et metteur en scène. Pour moi, le théâtre est une rencontre : je ne lis jamais un texte en pensant au public assis dans un fauteuil dans un rapport frontal. Pendant les dix premières années du Théâtre de l’Arpenteur, j’ai fait du théâtre pour enfants et j’ai tourné dans leurs lieux de vie. On injectait une fiction à l’intérieur des écoles, des quartiers, de la poésie dans la réalité. Le public a du mal à situer le Théâtre de l’Arpenteur qui pratique des formes à géométrie variable, théâtre pour enfants, théâtre de rue, opéra, chanson, ou encore théâtre de texte comme Ubu ou Les Bâtisseurs d’empire. Pour Bain de foule, douche obligatoire, monté en 1985, qui jetait les prémisses d’Expédition Lockman, on avait lancé une rumeur dans Rennes : un architecte scénographe, Yves Klein-Cousteau devait réaliser la « mise en eau » d’un théâtre. Tout le monde est tombé dans le panneau, de l’école d’architecture à France Culture ! J’ai toujours revendiqué cette liberté de rebondir à l’endroit où l’on ne m’attendait pas. En 1984, à l’occasion de Coups de talents dans l’hexagone, j’ai mis en scène Mélaine Favennec, un chanteur breton. je voulais donner un sens à son tour de chant. On a joué au Printemps de Bourges et au Casino de Paris, puis il a continué seul. Il y a douze ans, à Rennes surtout, ce n’était pas admis. Depuis, les choses ont évolué. Après quinze ans de parcours, pendant lequel j’ai souffert d’une image brouillée par rapport à l’Institution, on me reconnaît cette liberté d’investir des espaces différents, ce qui reste ma passion.