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Notre histoire

Un rapide résumé du parcours de la revue Cassandre/Horschamp en 100 couvertures, avec les voix de Coline Merlo et Pauline Perrenot.

Un texte du grand critique de théâtre Jean-Pierre Thibaudat à propos de Cassandre/Horschamp N°100

« Cassandre/Horschamp a vingt ans.
Qui aurait imaginé ça, lorsque, grâce au précieux soutien de Thierry Pariente et l’aide de la vaillante Sylvie Garnier pour la maquette, nous avons lancé cette folle aventure avec Myriam Blœdé, en novembre 1995 ? Jean-François Track vint ensuite nous aider et il nous présenta Olivier Perrot, qui devint notre Grand Imagier. Combien de présages pessimistes et lancinants sur l’avenir possible d’une telle publication n’avons-nous pas entendus, d’année en année, depuis ce temps ? Et quand, plus tard, nous fumes rejoins par Valérie de Saint-Do, puis Samuel Wahl et que notre bateau s’aventura au large, cela n’apaisa pas les incrédules, au contraire. Je me souviens des nombreux conseils de ces gens du métier (ou non), qui nous adjuraient de nous consacrer uniquement au théâtre (ce que l’on appelle aujourd’hui le théâtre), de cesser de mélanger les genres. « Nicolas, ces expériences dans les banlieues et dans les prisons, etc., c’est très sympa, bien sûr, mais ça, c’est du social ! Quand vas-tu enfin t’intéresser à l’art ? »

Cet apparent mélange des genres, évidemment, qui défiait sciemment les pré-carrés des spécialistes, c’était en fait tout autre chose : une tentative de gratter l’épais vernis déposé par des décennies – pour ne pas dire des siècles -, de cloisonnements, de compartimentages des différents domaines d’activités humaines, de hiérarchisations intéressées, d’évaluations réductrices, qui font qu’à la fin les choses sont séparées de façon si étanche qu’on n’en perçoit plus l’origine ni le sens, que l’on ne sait plus vraiment à quoi ça sert, par exemple, de faire de l’art… Et en creusant sous ce vernis, nous avons en effet découvert moult pratiques qui, par leur existence-même, manifestent clairement l’utilité réelle et le rôle du geste artistique dans la collectivité. Nous les avons trouvées ici et là, aujourd’hui et hier, partout et de tout temps, presque invisibles, discrètes, indispensables. Nous nous sommes approchés de la source. Et, même si elle le fait souvent souterrainement, cette source, comme les rivières parisiennes, continue de couler. C’est elle qui, peu à peu, nous conforta dans l’idée qu’il faut absolument parler, d’un même mouvement, d’art, de politique, de l’avenir de l’humain et du monde. Nous avions raison de croire à ces retrouvailles, à cette recherche des racines oubliées, on le voit clairement en ce temps où la beauté et la gratuité du geste sont les trésors les plus précieux et les armes les plus efficaces de la résistance à l’effacement de l’humain. La seule façon dont les pratiques de l’art peuvent échapper aux deux fléaux majeurs qui les guettent : la marchandisation camouflée en fausse démocratisation bas de gamme et l’appartenance exclusive à une caste auto-proclamée « élite », c’est de retrouver leur usage véritable, celui d’un outil de connaissance partagé par tous, sans exception, dont le principe actif est l’émotion, liée au sens. »

Extrait de l’éditorial

« Cassandre/Horschamp a vingt ans.
Qui aurait imaginé ça, lorsque, grâce au précieux soutien de Thierry Pariente et l’aide de la vaillante Sylvie Garnier pour la maquette, nous avons lancé cette folle aventure avec Myriam Blœdé, en novembre 1995 ? Jean-François Track vint ensuite nous aider et il nous présenta Olivier Perrot, qui devint notre Grand Imagier. Combien de présages pessimistes et lancinants sur l’avenir possible d’une telle publication n’avons-nous pas entendus, d’année en année, depuis ce temps ? Et quand, plus tard, nous fumes rejoins par Valérie de Saint-Do, puis Samuel Wahl et que notre bateau s’aventura au large, cela n’apaisa pas les incrédules, au contraire. Je me souviens des nombreux conseils de ces gens du métier (ou non), qui nous adjuraient de nous consacrer uniquement au théâtre (ce que l’on appelle aujourd’hui le théâtre), de cesser de mélanger les genres. « Nicolas, ces expériences dans les banlieues et dans les prisons, etc., c’est très sympa, bien sûr, mais ça, c’est du social ! Quand vas-tu enfin t’intéresser à l’art ? »

Cet apparent mélange des genres, évidemment, qui défiait sciemment les pré-carrés des spécialistes, c’était en fait tout autre chose : une tentative de gratter l’épais vernis déposé par des décennies – pour ne pas dire des siècles -, de cloisonnements, de compartimentages des différents domaines d’activités humaines, de hiérarchisations intéressées, d’évaluations réductrices, qui font qu’à la fin les choses sont séparées de façon si étanche qu’on n’en perçoit plus l’origine ni le sens, que l’on ne sait plus vraiment à quoi ça sert, par exemple, de faire de l’art… Et en creusant sous ce vernis, nous avons en effet découvert moult pratiques qui, par leur existence-même, manifestent clairement l’utilité réelle et le rôle du geste artistique dans la collectivité. Nous les avons trouvées ici et là, aujourd’hui et hier, partout et de tout temps, presque invisibles, discrètes, indispensables. Nous nous sommes approchés de la source. Et, même si elle le fait souvent souterrainement, cette source, comme les rivières parisiennes, continue de couler. C’est elle qui, peu à peu, nous conforta dans l’idée qu’il faut absolument parler, d’un même mouvement, d’art, de politique, de l’avenir de l’humain et du monde. Nous avions raison de croire à ces retrouvailles, à cette recherche des racines oubliées, on le voit clairement en ce temps où la beauté et la gratuité du geste sont les trésors les plus précieux et les armes les plus efficaces de la résistance à l’effacement de l’humain. La seule façon dont les pratiques de l’art peuvent échapper aux deux fléaux majeurs qui les guettent : la marchandisation camouflée en fausse démocratisation bas de gamme et l’appartenance exclusive à une caste auto-proclamée « élite », c’est de retrouver leur usage véritable, celui d’un outil de connaissance partagé par tous, sans exception, dont le principe actif est l’émotion, liée au sens. »