Actes des rencontres nationales en Ile-de-France. Du 22 au 23 mai 1999. Nicolas Roméas.

Nicolas Roméas : Si nous voulons aider à une coordination, c’est que nous avons maintes fois constaté, en tant que revue, que nous étions amenés, de façon informelle, au hasard des rencontres, à présenter des gens dont nous étions sidérés qu’ils ne se connaissent pas. Des gens qu,i de notre point de vue, sont dans le même champ idéologique, qu’ils travaillent dans les hôpitaux, avec les prisonniers, dans les quartiers ou d’autres endroit, leur démarche est très proche, et on se rend compte que cette atomisation produit un considérable affaiblissement des énergies. Beaucoup de groupes tentent de se coordonner, des réseaux se sont formés depuis de nombreuses années.

Ce sont des réseaux de praticiens, de personnes qui ne peuvent pas englober l’ensemble des choses et qui ont tendance, sur un aspect ou un autre, sur la forme ou sur le type de lieu où s’inscrivent les démarches, à ne pas se rencontrer. Nous pensons qu’il y a une nouvelle coordination à établir qui ne soit pas seulement faite par les praticiens eux-mêmes, mais que ces praticiens acceptent de dire : nous avons un point commun que nous devons mettre dans ce cercle, et que les différences continuent à exister en toute liberté. Il faut que cette force se construise en mettant ensemble les choses communes.

Il faut aider à la coordination des activités aussi bien du côté des acteurs sociaux que des acteurs culturels, des lieux, des équipes et des artistes. Cela veut dire utiliser tous les moyens possibles dont nous disposons, notamment internet. Nous sommes en train de construire une architecture qui permettra de circuler dans une base de données extrêmement riche et simple d’utilisation – ne prenons pas ça à la légère : ce sera un outil extrêmement utile.

Il faut construire cet outil qui permette à des gens qui ne se connaissent pas de se rencontrer, d’avoir un forum de discussion par rapport à des besoins, des lacunes, des propositions de façon rapide en contournant les pesanteurs institutionnelles et pyramidales que nous subissons tous. Il s’agit d’autre part de tenter de créer un mouvement qui permette de représenter une force politique face aux forces que nous connaissons et qui sont extrêmement bien structurées, donc aussi permettre à l’institution de savoir à qui elle s’adresse, d’avoir des leviers : parfois l’institution a de bonnes idées, il faut lui permettre de les mettre en pratique. L’atomisation de ces territoires ralentit considérablement le développement des activités, y compris du point de vue de l’institution.