Extrait de l’introduction de Nicolas Roméas
« Que dire, en ces périodes d’éclipse de pensée ?
Se regrouper pour trouver ensemble des idées. Reconnaître les erreurs du passé, évidemment. Ne pas s’attarder, face à la virulence destructrice de l’ultralibéralisme, à la complaisance pleurnicharde qui pourrait nous guetter, dans laquelle risquent de s’enliser ceux qui sont sûrs de la justesse de leur cause…
S’exercer à l’autocritique. Prendre conscience des faiblesses du monde politico-culturel français dans un passé récent et aujourd’hui encore. S’efforcer de construire des outils, oui, nous le faisons, nous le ferons quoi qu’il arrive.
[…] Au fil de ces pages, l’enjeu est abordé dans le contexte contemporain, notamment avec les travaux de deux philosophes importants, Bernard Stiegler et Jacques Rancière. Mais nous avons d’abord voulu le rappeler : cette question essentielle pour l’avenir de notre civilisation traverse les siècles, portée par nos plus grands aèdes. Et parce que ce combat pour le partage du sensible est étroitement relié à notre histoire, nous invitons un nouvel éditorialiste à préfacer la revue : Victor Hugo ! »
- Où l’art se fera-t-il, où et comment circulera-t-il ? Cassandre a posé cette question à deux penseurs importants de notre temps : Jacques Rancière, auteur notamment de Le Partage du sensible, et Bernard Stiegler, philosophe qui explore notamment les pistes offertes par la technologie pour lutter contre le rouleau compresseur des industries de divertissement. L’un et l’autre partagent la conviction que l’art est politique, même si leurs analyses divergent sur les actions et les horizons possibles.
- En ces temps d’inquiétude pour le service public de la culture, Cassandre continue d’explorer les lieux de résistance où peuvent s’épanouir des actions artistiques refusant la loi de l’audimat et du marché. Dans des villes, notamment en banlieue francilienne, lorsque l’action en profondeur n’est pas sacrifiée à l’événementiel ; dans des établissements scolaires, qui ne réduisent pas l’enseignement artistique à l’histoire de l’art. Avec des équipes qui inlassablement labourent, défrichent, les lieux où ça ne va pas de soi. L’équipe du centre social et culturel d’Etouvie à Amiens, celle du festival de Gindou dans le Lot, Hervé Lelardoux à Cognac, les cinéastes Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval… Comme, au delà de nos frontières, le Théâtre libre de Minsk en Biélorussie, le festival Awaln’art au Maroc, les défenseurs d’un théâtre indépendant en Roumanie.
P.S. : Last but not least, la culture n’étant pas condamnée à être austère, Cassandre prend des couleurs avec, pour la première fois depuis douze ans, sur sa couverture une image exclusive d’Olivier Perrot en quadrichromie.