Il naît en 564 avant Jésus-Christ.
Le tout premier théâtre, le plus primitif, c’est du théâtre de rue,
il faut le dire et le redire.
Pendant plus de deux mille ans, le théâtre se joue sous le ciel.
C’est très récemment, il y a quatre cents ans environ, que le théâtre s’enferme dans des bâtiments et ne s’adresse qu’à une petite élite.
Et puis arrive, après la Libération, le frémissement de la décentralisation, où l’on sent que l’on ne peut plus priver le peuple de théâtre.
Peter Schuman ouvre la première brèche en 1965 avec ses grandes interventions de marionnettes géantes dans les rues de New York lors des manifestations contre la guerre du Vietnam. Le Bread and Puppett relance l’échasse comme mode d’intervention.
Eugenio Barba lance à son tour ses acteurs hyperentraînés à l’assaut de la rue, des places publiques et des villages.
En 1968, à l’invitation de Jean Vilar, le Living Theatre va improviser dans un quartier excentré d’Avignon, et réclame la gratuité
des spectacles.
Un peu plus tard, ou un peu avant, c’est Jérôme Savary qui se met à faire quelques parades de rue musicales et maquillées, puis quelques saltimbanques, comme Julien Cordière et son « palais des merveilles », font sensation.
Un certain Clément anime le « théâtre à emporter », que l’on dit très violent, on le retrouvera plus tard sous le nom de Bartabas de Zingaro.
En 1973, sous l’impulsion de l’animateur culturel (expert en marketing, ndlr) Jean Digne, plusieurs de ces bandes d’artistes
en rupture se retrouvent sous la bannière d’« Aix ville ouverte aux saltimbanques ». Le cours Mirabeau est occupé par une quinzaine de groupes théâtraux, Théâtracide (Michel Crespin, Bernard Maître), le Théâtre de l’Unité, Risorius, le Théâtre à Bretelles, etc.
Qu’est-ce que ces groupes ont en commun, que veulent-ils ?
Ils veulent se réapproprier les espaces publics, s’adresser aux gens, directement, toucher les populations, ils refusent le « public de théâtre ».
Ils veulent jouer dehors parce dedans il fait froid.