Introduction

Par Nicolas Roméas et Valérie de Saint-Do

Pour son numéro de l’été 2004, le 58e, Cassandre inaugure une formule double : Cassandre dans un sens, Horschamp dans l’autre, permettant d’un côté d’appréhender la réalité de la vie artistique sur le plan de la réflexion et de l’autre sur celui de l’action. Cette double entrée permet d’interroger l’évolution des institutions tout en étant plus que jamais attentif aux pratiques « marginales ».

IN/OFF [Tout est relatif]

Édito In

Les démarches utiles et fortes ne se trouvent pas toujours toutes du côté des petits. Il serait idiot de rejeter, parmi les équipes artistiques, celles qui commencent à disposer de quelques moyens. Après tout, nos institutions culturelles ne sont-elles pas là pour être nos gardiennes du sens, héritières des combats pour un art non soumis à la rentabilité et à l’audimat ? Plutôt que les attaquer au risque de nous retrouver seuls face à un marché glouton et stupide, il faut les défendre dans ce qu’elle portent encore de leur mission publique. Et rappeler cette mission. La distinction choisie pour diviser ce numéro entre ceux qui œuvrent dans la pénombre et ceux qui sont déjà dans une certaine reconnaissance est évidemment subjective et quelque peu aléatoire. L’intérêt est de montrer ce qui, dans les deux cas, est porteur d’avenir et de sens. De montrer, aussi, que ces frontières entre l’institué et la « marge » sont souvent circonstancielles et pas toujours solidement fondées. Encourageons donc l’« institution » (ce qu’ici nous appelons le IN) à faire son travail jusqu’au bout : à valider et soutenir des initiatives profondes, dans la durée, qui ne se contentent pas de répondre à une prétendue « demande » en cédant à la facilité d’une séduction immédiate, mais nous tirent vers le haut. Là où, tous, nous méritons d’aller.
N.R.

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Édito Off

Faire, avec et contre tout. Le service public de la Culture vacille sur ses bases idéologiques et les baronnies les mieux protégées ne sont pas à l’abri des turbulences économiques et politiques. Et pourtant, cent fleurs s’épanouissent dans les interstices, les mauvaises graines résistent aux pesticides de l’uniformisation marchande. Jusqu’à quand, à quel prix ? Leurs inventeurs sont-ils condamnés au choix entre précarité et récupération ? Défendre le « off », c’est interroger le « in ». Interpeller ceux qui, « de l’intérieur », du ministère, des collectivités territoriales, des établissements culturels prestigieux, n’ont pas renoncé. En appeler aux quelques humains férus de leur mission de service public et du public, qui s’obstinent à préférer l’originalité balbutiante et hors-cadre aux dossiers impeccablement ficelés. Et oser espérer que la loi d’airain du tout gestionnaire ne réussira pas à asphyxier les marges, sans lesquelles, comme le disait Godard, il n’y a plus de cahiers…
V.S.