Valérie Lang :
Bienvenue au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. Nicolas Roméas est venu un jour nous rencontrer. Depuis que nous sommes dans ce théâtre, nous essayons de mener deux chemins parallèles : la programmation et ce qu’on appelle, l’action culturelle ou l’action artistique, à nous de le définir pendant ces trois jours. Parallèlement, il y a un travail qui est fait sur le territoire de la Seine-Saint-Denis qui nous paraît un chose importante, non seulement pour que les gens viennent voir les spectacles mais pour retisser un lien et travailler sur le territoire en proximité avec les gens. C’est un travail qu’on mène depuis dix-huit mois, il n’est pas particulièrement singulier dans le sens où beaucoup d’associations, de petites compagnies et de structures et tous les gens qui vont venir et qui viennent ici font ce travail, peut-être la singularité c’est qu’on est un Centre dramatique national et que peu de Centres dramatiques nationaux de banlieue, en tout cas de la périphérie de Paris, mettent beaucoup de moyens dans cette action qui est parallèle à la programmation. Il nous a semblé nécessaire et naturel d’ouvrir ces Rencontres en Île-de-France ici, d’abord parce que nous avons un lieu pour vous accueillir, et qu’on avait envie de vous rencontrer, de se rencontrer, de se réunir et de réunir des forces communes parce que c’est beau de parler d’action culturelle, c’est beau de parler d’action artistique, mais quand on n’a pas les moyens, on ne peut pas le faire. Pour nous c’est aussi un enjeu politique de se réunir pendant ces trois jours pour pouvoir trouver ensemble des forces communes et revendiquer cette action.
Nicolas Roméas : Notre point de vue à nous, association qui édite une revue, est un point de vue qui essaye de conserver une distance qui permette d’échapper d’une part, à la confusion, ou plutôt à la trop grande intimité microcosmique qui finit par empêcher le renouvellement des idées ou par créer une sorte de consensus qui fait qu’au bout d’un moment nous sommes tous d’accord sur tout même si les choses n’ont rien à voir entre elles, et ça nous le constatons de colloque en colloque, le théâtre citoyen, tout le monde est d’accord pour le défendre évidemment, sauf qu’à un moment donné il faut préciser les formes d’action souhaitées. Et on remarque encore aujourd’hui que cette notion dont il est question pendant ces trois jours, action culturelle et artistique, bien que les mots, au sens du dictionnaire, soient très explicites, il est assez mal vu d’employer ces termes-là, on l’a constaté ces temps derniers : beaucoup de gens considèrent encore qu’il faudrait trouver d’autres concepts parce que ça sonne mal. Or je pense qu’il faut au contraire redonner du sens à ces mots et faire ressortir la noblesse qui est à l’intérieur : il s’agit de la place de l’art en tant qu’action.
A ce moment de cette réflexion, nous avons rencontré entre autres partenaires la Ligue de l’Enseignement, en la personne de Marie-Pierre Bouchaudy.